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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/239

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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

rée se passait à jouer à l’hombre, au whist ou au quinze, et à dix heures chacun se retirait.

Quelquefois, lorsque la neige était trop épaisse et les tourbillons de vent trop forts, les habitants du château ne pouvaient pas même venir jusqu’à Ostrowycz, alors Hélène, seule avec son mari, lui faisait la lecture à haute voix, mais elle avait beau passer « de l’Odyssée à un roman de madame de Genlis ou de Kotzebue », le comte ne manquait pas de s’endormir.

Assez souvent, la comtesse accompagnait sur la harpe la Karwoska, dont la voix charmante s’était beaucoup développée sous la direction de sa maîtresse. On eût pu remarquer que ces jours-là le comte ne dormait pas. Il arrivait quelquefois À Hélène de chercher à se rappeler les romances qu’elle chantait à Bel-Œil avec tant de grâce et de succès, mais, au bout de peu d’instants, elle se levait brusquement et fermait le clavecin, ce qui ne l’empêchait pas de recommencer quelque temps après. Ces jours-là une teinte de mélancolie plus marquée se peignait sur son visage.

Quelle comparaison devaient éveiller en effet dans son esprit les souvenirs de Bel-Œil ! Là, une délicieuse causerie ayant pour interlocuteurs le prince de Ligne, le chevalier de Boufflers, le mar-