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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

Peut-être donnait-elle des ordres ?… Mais’à cette heure tardive tous les domestiques étaient couchés. Serait-elle sortie ?… Impossible, on barricadait les portes avec des barres de fer aussitôt après le départ de la générale et du curé. Les secrétaires et employés du comte logeaient à l’étage supérieur, serait-elle chez l’un d’eux ?… Ne s’arrêtant pas une minute à ce jugement téméraire et se reprochant même de l’avoir conçu, la comtesse renonça à ses recherches et remonta tranquillement chez elle.

En passant devant l’appartement de son mari, elle frappa doucement : « C’est moi, Vincent, dit-elle, ouvre-moi. » La porte resta close, quelques instants s’écoulèrent. « Mais c’est moi, fit Hélène impatientée et frappant plus fort, ouvre donc ! »

Le comte ouvrit et lui demanda avec humeur ce qu’elle voulait. Saisie d’un soupçon subit, elle entra vivement sans répondre, parcourut la chambre d’un regard rapide ; il n’y avait personne, mais, prompte comme l’éclair, elle s’élança dans la pièce voisine ; on entendit un cri et Hélène rentra en ramenant violemment une femme plus morte que vive : c’était la Karwoska. Sans proférer une parole, elle la traîna jusqu’à la porte,