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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

la jeta dehors, et, tremblante de colère et d’émotion, tomba épuisée sur un siège.

Le comte, très pâle, était demeuré immobile et comme pétrifié pendant cette scène qui dura à peine quelques secondes. Enfin il voulut s’approcher d’Hélène qui l’éloigna d’un geste, et parvenant à surmonter l’angoisse qui lui étreignait la gorge et l’empêchait de parler : « Toute explication est inutile », dit-elle, et, se levant en chancelant, elle rentra dans son appartement. Quelques minutes après, le comte l’y suivit. « Il est venu coucher dans ma chambre, écrit-elle, mais je suis restée levée ; à cinq heures, il est retourné chez lui. »

Pendant ces quelques heures, Hélène resta muette devant les supplications de son mari qui, très effrayé du regard fixe et étrange qu’elle arrêtait sur lui, se retira pour écrire au médecin de venir sur-le-champ. À peine l’ut-il sorti que la comtesse sonna vivement. Ses femmes accoururent, ne sachant ce qui se passait. Très surprises de ne pas avoir été appelées pour déshabiller leur maîtresse, elles avaient veillé toute la nuit.

« Qu’on fasse atteler sur-le-champ, dit Hélène, et qu’on conduise la Karwoska chez sa sœur, à Klekotow. » L’ordre fut exécuté et, au bout d’un