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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

piquant de l’esprit de son grand-père, un peu de paresse et de langueur causées par une santé délicate. Elle parlait souvent de sa mère (qu’elle mourait d’envie de connaître) mais seulement avec sa tante Christine et son grand-père, car sa grand’mère lui en imposait ; elle avait promptement deviné que la princesse n’aimait pas qu’on prononcât le nom de sa belle-fille devant elle. »

Toutes ces conversations troublaient profondément le cœur d’Hélène ; entraînée par une passion irrésistible, elle avait oublié facilement un mari qu’elle n’aimait pas et une fille qu’elle connaissait à peine : les trois enfants de son second mariage épuisèrent à eux seuls le trésor de tendresse maternelle que toute femme a dans le cœur et, après les avoir perdus, elle crut qu’il ne lui restait plus d’enfant à aimer sur la terre. Depuis quelque temps, le souvenir effacé de la petite Sidonie avait pris une forme et une couleur ; sa mère se prenait à désirer passionnément un portrait de sa fille, une boucle de ses cheveux, mais le réveil de ce sentiment maternel était troublé par la sensation aiguë et douloureuse que lui causait la pensée d’avoir frustré cette enfant de ses droits, de l’avoir dépouillée de son héritage.