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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

si longtemps. Le parfum des fleurs montait jusqu’à elle. On n’entendait d’autre bruit que celui des abeilles butinant dans les parterres, et, à moitié engourdie par une délicieuse sensation de bien-être et de repos, elle chiffonnait lentement avec ses jolis doigts un petit bonnet de forme bizarre fait de morceaux de soie rouge et or.

Tout à coup un bruit de grelots se fit entendre ; le pas des chevaux se rapprocha et une chaise de poste entra dans la cour : c’était le comte. Il gravit lestement les marches du perron et pressa tendrement sa femme dans ses bras, puis la regardant avec plus d’attention :

— Comme tu es pâle, dit-il, ton visage est défait. Souffres-tu ? Qu’y a-t-il donc ?

Hélène sourit, et sans quitter le petit bonnet elle en coiffa sa main, puis l’élevant par un geste gracieux jusqu’aux yeux de son mari :

— Voilà ce qu’il y a, dit-elle.

Le comte charmé porta à ses lèvres la main et le petit bonnet, puis il s’assit auprès d’Hélène et lui fit brièvement le récit de son voyage. Il glissa isur les affaires, revint aussitôt à l’événement intéressant révélé par le petit bonnet et en témoigna la plus vive satisfaction.

Les affaires du comte étaient en réalité fort