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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

rapporte, m’en auraient procuré le double…

» Une de mes chanoinesses, mademoiselle de Bœsler, bien jolie et aimable, a peur des hannetons : ses charmantes camarades et moi nous en fîmes ramasser une centaine que nous avons mis dans une boîte et que nous lui avons envoyés de la part de ses parents. À peine étions-nous sortis de chez elle pour aller nous coucher, (avions-nous dit), qu’elle ouvre ce qui fait son supplice. Ses cris, nos rires et puis notre pitié, la crainte des pleurs, nos regrets d’une plaisanterie peut-être trop forte, tout cela fut l’affaire d’une minute. Je rentrai dans sa chambre, je fus l’Hercule. qui terrassa les monstres qui en voulaient à tous ses appas, et ses camarades et moi à genoux, nous obtînmes notre grâce.

» Cela sent un peu le collège, le couvent, c’est un peu jeune pour le vieux souverain ; mais faites honneur à ses mœurs, car voilà ses plaisirs. Il en est de plus vifs, mais non pas de plus purs.

» On me paraît assez content de moi ; je suis enchanté de tout le monde et de finir ma lettre par vous dire, chère Christine, que je serais l’homme du monde le plus heureux, si vous étiez ici car, sans vous, y a-t-il pour moi félicité parfaite ? »