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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

temps de réfléchir, il faut du calme pour penser et comparer. La majeure partie de l’ancienne société française avait été dispersée ; on voyait depuis peu rentrer les émigrés ; ce n’est guère qu’en 1806 que ceux qui n’avaient pas de position auprès des princes revinrent en France, et c’est alors seulement qu’on put compter les vides faits par l’échafaud, la maladie ou l’exil[1].

Dès le lendemain de son arrivée, le premier soin d’Hélène fut de visiter Paris. Elle sortit le matin seule et à pied. Quoique les traces de la Révolution fussent en partie effacées, il en restait assez pour qu’on pût juger de ses excès. Les mots hôtel et palais étaient remplacés par : « Maison ci-devant Bourbon, maison ci-devant Conti, etc. » Dans les

  1. Enfin, dès avril 1802, un décret du premier consul avait aboli la liste des émigrés, sans toutefois annuler la proscription de leurs biens, cc qui rendait leur rentrée très difficile, la plupart ne possédant plus rien et vivant de leur travail ou de pensions faites par les souverains étrangers. Cependant un assez grand nombre d’entre eux demandèrent à rentrer dans leurs biens et ces demandes furent favorablement accueillies. Le comte de Vargemont, émigré et chambellan de l’empereur de Russie, le demanda le 30 frimaire de l’an X (1803) ; et sa requête fut couronnée de succès, ainsi que celle du prince de Ligne qui écrit au premier consul « que ses biens ont été séquestrés, puis affranchis, puis repris, et réclame contre l’équité interrompue de la République. »