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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

cruellement souffert. Son mari, que les pensionnaires de l’Abbaye-aux-Bois trouvaient si charmant et qui saluait avec tant de grâce, n’avait pu se consoler de l’échec de la fuite de Varennes. Il émigra en Hanovre. Là, il organisa les régiments de Choiseul et de Lowenstein pour aller combattre Tippoo-Saïb dans les Indes. Is s’embarquèrent en 1795, mais une tempête les jeta sur Ja côte de France, et ils firent naufrage près de Calais. Une partie des naufragés furent sauvés ; le duc était du nombre, et reconnu par un ancien garde française, il fut fait prisonnier. On s’empara de son hôtel de la rue d’Artois dont on chassa brusquement la duchesse. Le mobilier fut à moitié pillé, à moitié vendu sur place à l’encan. Elle confia sa fille à sa grand’tante la duchesse douairière de Choiseul, et parvint à s’enfuir avec son fils. La duchesse douairière de Choiseul s’était réfugiée dans un modeste entresol après la mort de son mari ; là, servie par une seule femme, sans regretter les grandeurs de Chanteloup, elle consacrait uniquement ses revenus à acquitter les dettes considérables laissées par le duc. Elle échappa aux jacobins, à la guillotine et garda auprès d’elle la petite Stéphanie, que sa mère venait de lui confier.