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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

date de cette époque-là. Les mœurs étaient modifiées sinon épurées et la fameuse galanterie française avait disparu.

Le prince de Ligne, impatienté d’entendre sans cesse critiquer l’immoralité de l’ancien régime et vanter les vertus du nouveau, a écrit à ce sujet une boutade charmante dans laquelle le paradoxe et la vérité se côtoient de la façon la plus spirituelle.

« La galanterie, dit-il, épurait les mœurs en France au lieu de les corrompre. La vertu perdit les vertus et la France se prit à avoir des vices, elle qui ne peut pas rester immobile comme les autres nations qui n’ont ni vices, ni vertus.

» Jadis il y avait en France de mauvais pères, de mauvais fils, de mauvais maris par air ; il n’y avait plus rien de tout cela (je parle de trente ans avant la Révolution). Les maris n’étaient pas tous fidèles, mais ils étaient aimables et remplis d’égards ; le bon air était de ne rien afficher et de se faire tout pardonner à force de procédés. Jamais l’on ne rechercha autant les égards et la décence, nulle part on ne respecta autant les convenances que dans ce Paris réputé si mobile ; le désir de plaire était la loi suprême, sans cesse on cherchait de