Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/313

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
305
LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

nouveaux succès, comme on était prêt à de nouveaux combats. Après le passage du Rhin, on courait à l’Opéra, et trois jours après on quittait avec plaisir sa maîtresse pour un assaut en Hollande.

» En France, au milieu de ce qu’on appelle les dérèglements, il y avait beaucoup de délicatesse, beaucoup de procédés et des usages très établis, il y avait esprit de corps dans les familles. La société tenait son lit de justice et ses arrêts étaient sévèrement exécutés.

» La vertu de convention qui consistait à n’avoir pas d’amants paraît et disparaît en France. Elle saute souvent par-dessus une génération ; jamais éducation ne fut meilleure que celle que donnaient les mères dont la conduite avait été légère. La maréchale de Luxembourg, qui disait qu’il n’y avait que trois vertus en France : vertuchou, vertubleu et vertugadin, avait élevé un ange de vertu et de perfection dans sa petite-fille, la duchesse de Lauzun.

» Après la génération de madame de Luxembourg, il y eut en France une série de jeunes femmes jolies et aimables. Elles mirent la vertu à la mode et se moquèrent des amants ; mais cette vertu eut l’inconvénient d’obliger les hommes à adopter les mœurs anglaises, leurs dîners du soir leurs