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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

LA COMTESSE HÉLÈNE AU COMTE VINCENT
« Jeudi matin.

» Quel bonheur ! quelle joie inespérée ! la poste vient de m’apporter tes lettres. Tu n’as pas idée de ce que j’ai éprouvé en les ouvrant, en les lisant ! Tu m’aimes donc ? Ah ! qu’un moment de plaisir rachète bien les jours de peine ! Que je me trouve heureuse, ce soir, mon cher Vincent, en comparaison d’hier ! Je me flatte que tu es à Dubno à te reposer de tes fatigues.

« Quel froid il fait ! je gèlerais dans mon lit si je ne l’écrivais pas, mais ton idée empêche les glaçons de parvenir jusqu’à moi. Voilà une phrase digne de La Calprenède, tu en conviendras, mais si mon style est aussi ampoulé que le sien, mon cœur est plus tendre et le cœur est tout : sans le cœur point d’amour… Je me suis si bien embarquée sur le fleuve de Tendre que, pour m’en tirer, je te dirai bonnement : Bonsoir, Vincent, je t’aime ! Cela en dit plus que toutes les Clélies et les Artamènes.

» P.-S. — La Grise qui est sur mon lit me re-