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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

qu’Hélènc avait retrouvés avec le plus de plaisir. Madame de Boufflers n’était autre que la charmante madame de Sabran[1]. Sa figure, son élégance, son esprit et ses talents la faisaient aimer et rechercher. entre toutes. Elle dansait à merveille, peignait parfaitement bien ; sa douceur et sa bonté achevaient de séduire ceux qui la voyaient. Après une passion qui durait depuis quinze ans, elle avait enfin épousé le chevalier, devenu marquis de Boufflers ; il passait pour l’homme le plus spirituel de Paris, mais il était bourru, grognon, et s’emportait pour la moindre chose, lorsqu’il était mal disposé. Malgré ses défauts, sa femme l’adorait et son esprit brillant et original le faisait rechercher comme un causeur accompli.

Il est assez bizarre qu’en parlant de madame de Sabran on ne fasse jamais mention de son premier mari. Le chevalier de Boufflers, en le remplaçant, semble avoir effacé sa mémoire, il

  1. Il en a été souvent question dans notre premier volume, mais c’est par erreur que nous avons dit qu’elle était née d’Andlau. M. le comte de Sabran a bien voulu nous donner lui-même les détails que nous citons sur sa famille : madame de Sabran, née en 1750, se nommait Françoise-Éléonore de Jean de Manville ; elle épousa en 1769 le comte de Sabran, de cinquante ans plus âgé qu’elle. Elle en eut deux enfants : Elzéar, comte de Sabran, et Delphine, plus tard madame de Custine.