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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

père, il y a eu des Conflans qui ont tiré le diable par la queue ! » Un rire universel accueillit cette chute.

Madame de Coaslin rit comme les autres, mais elle ajouta en secouant la tête : « Vous avez beau dire, quand les derniers débris de notre société auront disparu, on ne saura plus ce qu’étaient le bon goût et le bon ton qui en faisaient l’agrément[1]. »

Hélène jouissait avec délices de cette vie parisienne et de ces aimables causeries, qui avaient en effet l’attrait irrésistible d’un spectacle charmant qui va finir et dont on ne veut pas perdre une scène. Depuis leur arrivée à Paris et le projet de mariage de leurs enfants, le bon accord s’était rétabli comme par enchantement entre le comte et la comtesse, et les notes ne contiennent plus trace de discussion. L’hiver avait passé rapi-

  1. Ce bon ton était d’autant plus difficile à saisir qu’il tenait à des nuances imperceptibles. Ceux même qui en étaient loin le sentaient sans pouvoir y atteindre ni le définir. Il influait non seulement sur les habitudes ordinaires de la vie, sur le langage et les coutumes, mais aussi sur les arts et les lettres. Pour réussir dans les productions légères, les auteurs les plus célèbres devaient être à la fois gens de lettres et gens du monde. Voltaire dut beaucoup lui-même à la bonne compagnie dans laquelle il vécut toujours. (Les Femmes, par le vicomte de Ségur).