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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

ma tête, je t’avoue que je suis outrée ! Quel malheur pour un cœur profondément sensible de nourrir un sentiment exclusif et passionné pour un être fragile et dépendant, c’est la source de tourments inévitables et d’inquiétudes déchirantes ! Enfin, il sera dit que tu auras fait tout pour mon malheur et rien pour mon bonheur !… Je viens de me trouver mal et je rouvre ma lettre pour te dire que ma santé ne résistera pas à ce qui m’arrive ; n’attends plus de lettres de moi jusqu’à ce que je sache que tu viens te réunir ou te rapprocher. Si, au contraire, tu prolonges ton absence, tu n’entendras plus jamais parler de moi ! Je crois que le départ de la Grande-Chambellane, aussi bien que le reste, tout était calculé, c’est un coup de parti et une intrigue dont tu as été dupe et dont je suis seule la victime, car je te connais trop bien pou croire que tu en souffres le moins du monde ! Pour moi, je prends en haine cette funeste alliance et, s’il fallait encore mon consentement, je ne le donnerais plus, je ne veux pas me lier avec ceux qui m’arrachent la vie ! »


À peine a-t-elle fini cette lettre qu’elle en recommence une autre, aussi insensée que la première.