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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

qui était, il faut en convenir, très douloureuse à recevoir. Après avoir souhaité avec tant d’ardeur le mariage de sa fille, après l’avoir préparé avec tant de difficulté, renoncer à y assister était à coup sûr un très grand et très pénible sacrifice. Quelle fut la surprise du comte en recevant une réponse fort calme ! Sa femme se soumettait sans murmurer à la décision qu’il lui proposait de prendre. Pour s’expliquer cette résignation surprenante, il faut savoir que la perspective de se trouver réunie à Tœplitz avec la Grande-Chambellane, l’obligation de la voir sans cesse, troublait Hélène depuis déjà longtemps ; elle n’avait pas osé en parler à son mari, dans la crainte de créer un nouvel obstacle, mais elle redoutait ce séjour. La lettre du comte la surprit, mais ne l’otfensa pas ; saisissant l’occasion de racheter l’emportement injuste auquel elle s’était livrée, elle se hâta de répondre qu’elle était prête à tous les sacrifices pour assurer le bonheur de sa fille, qu’elle reconnaissait la justesse du raisonnement de son mari, et qu’elle renonçait à aller à Tœplitz le chargeant elle-même de fournir un prétexte qui serait celui de sa santé.

Le comte enchanté, et le cœur soulagé d’un grand poids, se rendit aussitôt chez la Grande--