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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

Joseph II, puis il les présenta à la comtesse de Brionne, qu’on nommait à Vienne la princesse de Lorraine.

La comtesse, qui fut sans contredit une des plus belles femmes de la cour de Louis XV, conserva jusqu’à la fin, par un rare privilège, sa majestueuse beauté. Elle vivait à Vienne d’une modeste pension de douze mille florins que lui faisait l’empereur, comme princesse de Lorraine, supportant avec une résignation fière et courageuse cette existence modeste, sans témoigner un regret de la perte de ses richesses et de ses grandeurs passées. Son salon était le rendez-vous des émigrés français appartenant à la noblesse ; ce fut dans ce cercle que le prince de Ligne introduisit son petit-fils et le comte Ouvaroff qui se préparaient à regarder de tous leurs yeux et à écouter de toutes leurs oreilles.

Le son de voix de la comtesse, son beau profil régulier, son regard doux et imposant, formaient un contraste parfait avec la vivacité impétueuse, le feu du regard et la gaieté du prince de Ligne. La conversation tomba, comme on le pense, sur l’ancienne France. Par un coup de baguette on rétrograda de cinquante ans et l’on fut de plein saut à l’Œil-de-Bœuf ou dans les petits appar-