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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

Cobentzel joua Chrysale avec une verve et un talent consommés. François Potocki et le comte Ouvaroff, affublés d’énormes perruques et grimés de la bonne façon, représentèrent très bien Vadius et Trissotin : le prince de Ligne comptait jouer Chrysale, mais on parvint à l’en dissuader. Son talent n’avait pas grandi depuis Bel-Œil, il brouillait tout et ne se rappelait jamais un mot de son rôle.

La princesse Clary et Tiline remplissaient les autres rôles. Aux Femmes savantes succéda une pièce de madame de Staël : Agar dans le désert. L’auteur jouait le rôle d’Agar, mais son costume et sa coiffure lui seyaient fort mal. Cette fois-ci le prince de Ligne ne jouait pas, ce dont il était un peu vexé. Son « petit-gendre » le comte François et le comte Ouvaroll étaient assis auprès de lui. Tout à coup, se retournant vers eux : « Comment s’appelle donc la pièce ? demanda-t-il.

Agar dans le désert, mon prince, répondit Ouvaroff.

— Non, non, dit le prince, je me souviens maintenant, c’est la justification d’Abraham ? » Les deux jeunes gens ne purent retenir un éclat de rire, mais le comte François écrit à ce sujet Ja réflexion suivante : « Le caractère de mon grand-père est original, plein de gaieté, de sensi-