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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

À la fin d’octobre, Hélène descendit un matin, fort agitée.

« J’ai reçu des lettres de Pologne, dit-elle à Sidonie, qui nécessitent ma présence là-bas et je vais sur-le-champ faire mes préparatifs de départ. » Sa fille, très surprise, lui offrit de l’accompagner, mais elle refusa et trois jours après-elle se mettait en route, suivie seulement de deux femmes et d’un laquais.

Elle voyagea en poste, prenant à peine le temps de se reposer, bravant le froid et la neige, et arriva brisée de fatigue à Radzivilow où le comte résidait. Elle n’avait pas écrit un mot à son mari pour le prévenir ; il commençait à s’inquiéter d’être depuis quinze jours sans lettres, quand il vit tout à coup sa femme apparaître devant lui. Stupéfait à cette vue, nous devons avouer qu’il témoigna plus de surprise que de satisfaction ; il lui demanda avec humeur ce que signifiait ce caprice, et pourquoi elle avait jugé bon de quitter Paris sans l’en avertir. Hélène, un peu troublée, répondit que son voyage était motivé par la nécessité de reprendre et de choisir elle-même, à Brody, une foule d’objets nécessaires pour meubler Saint-Ouen, puis elle balbutia qu’elle avait craint, en prévenant son mari,