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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

mais sans laisser pour cela de l’accabler d’imprécations ; elle revint à son mari, lui montra le billet accusateur, ajoutant qu’elle était résolue à ne pas subir un partage odieux. « Je te mets en face de ta conscience, lui dit-elle, décide toi-même de l’avenir et de la nécessité d’une séparation à laquelle je me résigne pour la seconde fois. »

Le comte, étourdi d’abord par cette scène inattendue, ne tarda pas à reprendre son sang-froid et à témoigner le plus vif mécontentement ; il engagea ironiquement sa femme à continuer ses recherches et à se donner ainsi en spectacle à tous leurs gens. Hélène, la tête à moitié perdue, et ne trouvant aucune preuve de la vérité des accusations formulées dans la lettre, finit par remonter tristement en voiture et repartit pour Brody sans être convaincue. À peine arrivée, ses soupçons reprirent une nouvelle force, la vue de Brody lui rappelait le passé, et tout ce qu’elle avait souffert cinq ans auparavant lui revenait en mémoire. Son amour, son dévouement, ses sacrifices de tout genre, sa beauté, ses talents ne pouvaient donc l’emporter dans le cœur de son mari sur une misérable créature qui n’avait d’attrait que celui du fruit défendu ?… Le privi-