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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

lège de rendre fidèle cet homme inconstant n’était donc réservé qu’à sa maîtresse ?…

Les pensées qui torturaient la malheureuse Hélène se trahissent dans sa première lettre.


« Brody, ce 8 janvier 1810.


» Je suis arrivée si troublée à Brody qu’il m’est impossible de te rendre compte de ce que j’ai fait ; le calme, la nuit le rendra peut-être à mon esprit, je t’ai donné une grande preuve de ma confiance en te rendant encore une fois maître de nos destinées. Je mérite au moins de ta part de la franchise en tout, cela vaudrait mieux que d’abuser de ma crédulité ! Crois-moi, l’opinion publique me vengerait, quand même, trop faible ou trop abusée, je préférerais vivre dans un asservissement honteux plutôt que de briser un lien indigne de moi, et cette opinion influe plus que tu ne penses sur le succès des affaires, elle donne auprès des gouvernants et des gens avec qui l’on traite une prévention défavorable et c’est déjà se faire un grand tort, mais j’aime à croire que tu n’es pas dans ce cas là, qu’une affreuse calomnie a voulu te dégrader et me déchirer. Ce n’est pas l’infidélité qui est un mal : quand elle est connue, qu’elle n’a pas de suite, c’est un événement ordi-