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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

vimes les Français descendre de notre côté et le feu cessa. Il en roula quelques-uns et on voyait des chevaux et des hommes, sans bien les distinguer, étendus sans mouvement sur le flanc de la montagne. Le jour tombait, je descendis dans le salon : ne pouvant plus rien voir nous nous mîmes à table et bientôt le bruit du canon recommença avec vigueur. Cela nous fit lever, on courut aux nouvelles et l’on vint dire que les Français tâchaient de déloger l’ennemi : nos transes recommancérent. On vint nous dire avec effroi qu’on se battait dans le faubourg de Clichy, et que l’ennemi était maître de la barrière. Alors on me conseilla de m’en aller dans l’intérieur. Je ne savais pas alors que l’empereur Alexandre, ce sauveur de la France et de l’Europe, avait envoyé défense à M. le général de Witt, qui avait pris cette barrière, de la passer sous peine de la vie, sans quoi cette partie de la ville eut été livrée à la fureur des soldats. J’allais m’enfuir quand Gotchowski vint me dire que l’on ne se battait plus, et qu’on avait envoyé une députation à Alexandre. On commença à respirer : Alexandre demanda qui signerait la capitulation. On lui offrit d’envoyer chercher le roi Joseph, qui n’était pas loin. L’empereur répondit qu’il ne savait pas ce que c’était que le roi Joseph.