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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

heur. Je sens donc qu’il serait plus raisonnable, si j’en avais le courage, de te dire : « Vas-y et assure-toi si ce que tu perdras ne sera pas au-dessus de ce que je pourrai jamais te rendre. »

» Cependant l’exactitude de tes lettres, la tendresse que tu me témoignes calment un peu mes craintes ; mais hier, après dîner, j’avais dans l’âme un noir que je ne puis rendre. Il me semblait que tu allais partir pour Varsovie, enfin la lettre que je t’ai écrite par le courrier t’aura fait voir le triste état de ma tête. Hier je me disais : « Eh bien, il ira à Varsovie, il m’oubliera ou cassera notre mariage, je ne pourrai plus demeurer chez lui, mais je louerai une petite maison à Niemirow, je m’y logerai : il ne pourra revenir dans ses terres sans avoir le cœur déchiré en pensant que je l’aime, que je respire le même air que lui ! » Mon existence misérable, si prés de lui, sera un monument pour ma vengeance !… mais tout cela n’arrivera pas ; à présent que je viens de recevoir ta lettre, je regarde cela comme les rêveries d’une imagination malade, pardonne-les-moi. »