Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/471

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
463
LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

aisé, car personne n’accueillait mieuxles jeunes gens.

On le voyait arriver de loin dans la rue, salué par tout le monde, car il était la figure la plus populaire et la plus aimée des Viennois. Remarquable par sa haute taille et sa démarche fière, enveloppé d’un manteau militaire, il marchait d’un pas rapide ; son regard vif, ses mouvements souples et prompts comme à vingt ans ne décelaient en rien son âge, dont ses beaux cheveux blancs pouvaient seuls avertir.

« Je n’ai vu de ma vie, dit Graeffer[1], une figure aussi sympathique et aussi attrayante ; l’intelligence, le cœur, la gaieté, le sérieux, la grandeur, une âme de feu, tout rayonnait avec un charme indescriptible sur les traits de cet être unique. Ah ! Ligne ! Ligne ! tu étais la dernière fleur de la chevalerie. »

C’était au rez-de-chaussée de la petite maison couleur de rose, dans un salon gris modestement meublé et si étroit qu’il était difficile à plus de vingt personnes d’y tenir à l’aise que se réunissait tout ce que Vienne offrait de plus recherché.

  1. Kleinen Wiener, Memoren von Franz Gracffer, § 1, p. 246. Graeffer est l’auteur qui a le mieux décrit Vienne et sa société à cette époque-là.