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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

ce fut un véritable désespoir, et son enterrement devint une imposante manifestation de ce deuil public qui, sans être officiellement commandé, fut porté dans Vienne comme pour un souverain. Depuis de longues années, les Viennois s’étaient habitués à considérer le prince de Ligne comme leur appartenant en propre. Ses funérailles eurent lieu le 13 décembre, avec un éclat et une pompe inconnus jusqu’alors pour un particulier.

Sa compagnie de trabans, en grand uniforme rouge brodé d’or, était à droite du char ; la garde du château, en uniforme gris et velours noir brodé d’or, à gauche. Des officiers portaient les insignes de deuil. Un homme d’armes à cheval, revêtu d’une armure noire avec une écharpe de crêpe en bandoulière, suivait en tenant son épée à la main la pointe baissée vers la terre, puis venait un cheval de bataille caparaçonné d’un voile noir semé d’étoiles d’argent.

Derrière le cheval marchait toute la famille, après laquelle se pressait une foule vraiment inouïe de maréchaux, d’amiraux, de généraux et de princes de tous les pays de l’Europe, parmi lesquels on remarquait : le prince de Lorraine, le prince Auguste de Prusse, le duc de Saxe-Weimar,