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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

tants plus que ne l’eût fait une plainte. Cependant une boisson ordonnée par le docteur Malfatti lui donna plusieurs heures de repos : il se réveilla avec toute sa gaieté : on reprenait quelque espérance autour de lui.

Mais vers le soir, il fut pris d’une violente fièvre accompagnée de rêveries et d’abattement. À minuit, il sembla tout à coup se ranimer. Il se dressa sur son séant dans l’attitude d’un homme prêt à combattre, ses grands yeux étincelèrent et, faisant le geste de dégainer son épée, il cria d’une voix forte : « En avant !… Vive Marie-Thérèse ! » puis il retomba épuisé sur son oreiller et, après cette dernière évocation du passé, il expira sans agonie et sans souffrances.

Ses traits avaient repris toute leur sérénité et même un reflet de cette jeunesse qu’il avait conservée si longtemps, sa bouche semblait sourire et « il avait, si cela est possible, une expression plus belle et plus noble encore que de son vivant ».

L’impression produite par la mort du prince de Ligne est indescriptible ; pendant le peu de jours qu’avait duré sa maladie, la foule stationnait à la porte de l’hôtel pour avoir des nouvelles d’heure en heure ; lorsqu’arriva celle de sa fin,