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II
INTRODUCTION

style, grâce à une correspondance qui embrasse vingt années et à des documents dont l’authenticité ne saurait être douteuse.

Ces éléments divers dormaient épars, dans cent endroits différents et une fois rassemblés, ils se sont servis mutuellement de correctifs et de contrôle.

La comtesse Hélène n’est pas une femme supérieure ; nous la savons instruite, intelligente, spirituelle, mais elle ne s’élève guère au-dessus de la moyenne aristocratique de son temps. Ce qui la distingue, c’est ce sentiment rare, profond, sincère qui résistera aux années et aux déceptions, qui lui donnera des forces imprévues pour supporter les privations, le dénuement, les pertes les plus cruelles. Et, chose étrange, cette passion a pour objet un homme inférieur en tout point à la femme qui l’adore, elle-même un jour, le jugera tel, on pourra croire que le charme une fois rompu, la passion va disparaître, il n’en sera rien. La plume qui la veille aura tracé le véridique portrait de ce mari médiocre et indigne, lui exprimera le lendemain, et dans quels termes brûlants ! l’amour qu’il méritait si peu.

La princesse Hélène n’a pas laissé de mémoires rédigés, sauf ses mémoires d’enfant