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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

temps et de laisser apaiser la première effervescence.

L’évêque était détenu depuis près de deux mois dans le palais de Bruhl avec les autres accusés, quand on reçut la nouvelle d’un combat des Polonais avec les Prussiens : ces derniers avaient battu Kosciusko et s’étaient emparés de Cracovie ; puis on ne tarda pas à apprendre que les troupes prussiennes marchaient sur-Varsovie, où Kosciusko avait eu à peine le temps de rentrer.

C’est dans la soirée du 28 juin que cette dernière nouvelle se répandit dans la ville. Le peuple murmurait depuis longtemps au sujet des lenteurs apportées par la commission à juger les accusés. Apprenant la marche des ennemis sur Varsovie, des bandes de jeunes gens, jaloux d’imiter les massacres de Paris, cherchèrent à exciter la population. On s’attroupe, on pérore, on crie que les Russes vont entrer et libérer les traîtres qui ont vendu leur pays. Les émeutiers se dirigent vers le palais de Bruhl, demandent à grands cris la mort des accusés ; ils se ruent sur les portes du palais qui sont bientôt enfoncées, ils arrachent les malheureux de leur prison et leur passent une corde au cou,