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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/49

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L’ABBAYE-AUX-BOIS.

pour une espiègle déterminée. Après sa retraite, elle se confessa et malheureusement elle ne nous raconte point ses aveux ; elle rentra assez fatiguée mais fort satisfaite de sa journée et se croyant tout à fait grande personne ; la suite de son récit est d’une naïveté charmante.

« Le soir, sœur Bichon était venue voir ma bonne et, pendant que mademoiselle Gioul, ma femme de chambre, me déshabillait, sœur Bichon me dit qu’elle se recommandait à mes prières (car bien que je les fisse en commun à la classe, cependant, avant de me mettre au lit, on me les faisait encore dire). Je dis à sœur Bichon : « Que voulez-vous que je demande au bon Dieu pour vous ? » Elle me dit : « Priez le bon Dieu qu’il rende mon âme ausst pure que la vôtre est dans ce »moment. » Je dis donc tout haut à la fin de ma prière : « Mon Dieu, accordez à sœur Bichon que son âme soit aussi blanche que la mienne devrait être à mon âge si j’avais profité des bonnes leçons, qu’on m’a données. » Ma bonne fut enchantée comme j’avais arrangé cette prière et m’embrassa ainsi que sœur Bichon, mademoiselle Gioul et mie Claudine. Quand je fus dans mon lit, je demandai si c’était un péché de prier pour la Grise. Ma bonne et sœur Bichon dirent que oui et