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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/57

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L’ABBAYE-AUX-BOIS.

« Mademoiselle, je vous demande bien des pardons, je ne vous ai pas vue ! » D’autres disaient aux maîtresses qui les grondaient : « Moi ! je ne l’ai pas pas fait exprès, elle était par terre, je ne l’ai pas vue. » On m’envoya coucher et, le lendemain, madame de Rochechouart vint me voir. Je lui racontai mon histoire ; elle me dit : « Si vos compagnes vous aimaient, pareille chose ne vous serait pas arrivée ; il faut que vous ayez de grands défauts dans le caractère, pour que toutes les classes soient contre vous. » Depuis ce jour-là, je n’ai jamais redit la moindre chose à mes maîtresses, et je devins si bonne, que tout le monde m’aimait, et Nagu même, avec qui je fus depuis si bonne amie, que nous aurions été au feu l’une pour l’autre.

» Mais c’est le moment de parler des jeux les plus à la mode à l’Abbaye-aux-Bois. C’était la chasse ; mais il fallait un jour entier pour mettre ce jeu à fin et on ne pouvait y jouer que dans le jardin. C’était ordinairement la classe rouge qui mettait ce jeu en train. Elles élisaient des piqueurs, des valets de chien, ensuite on choisissait celles qui devaient être les cerfs et on marquait un cerf de meute ; la petite classe était les chiens et elles allaient demander avec beaucoup de politesse à