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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/74

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L’ABBAYE-AUX-BOIS.

La place faile aux arts d’agrément était, comme on le voit, fort large, puisqu’on mettait au même rang le prix de danse et celui d’histoire. Toute enfant qu’elle était, Hélène dansait réellement fort bien.

« Dans ce temps-là, dit-elle, je dansais la farlane et les montférines à merveille. Mademoiselle[1] venait à nos bals, elle fut si contente de ma danse, qu’elle et madame la duchesse de Bourbon[2] demandaient toujours que je danse des pas de deux et elles me donnaient des bonbons. »

Madame de Rochechouart, qui connaissait les goûts de sa petite favorite, lui permit souvent de sortir pendant ce carnaval. « Il n’y avait pas de semaines, dit-elle, que je n’allasse à quatre ou cinq bals d’enfants, chez madame de la Vaupa-

  1. Mademoiselle (Louise-Adélaïde de Bourbon Condé), née le 5 octobre 1757, fille de Louis-Joseph de Bourbon, prince de Condé et de Charlotte-Godefriede-Élisabeth de Rohan-Soubise. Elle devint abbesse de Remiremont en 1786,
  2. Louise-Marie-Thérèse-Bathilde d’Orléans, belle-sœur de Mademoiselle, fille du duc Lovis-Philippe d’Orléans et de Louise-Henriette de Bourbon-Conti. Elle avait épousé, le 14 avril 1770, Louis-Henri-Joseph de Bourbon-Condé, né le 14 avril 1755, frère de Mademoiselle citée plus haut. La duchesse de Bourbon fut la mère de l’infortuné duc d’Enghion, fusillé sous le premier Empire. Son mari, passionnément amoureux d’elle à l’âge de quinze ans, obtint de l’épouser ; mais on les sépara aussitôt après la cérémonie. Le jeune prince furieux enleva sa femme.