dirigée contre le président Lizet et que Charles Nodier appelait le diamant des pamphlets.
Pierre Viret, enfin, caustique, familier, s'amuse à mettre en parallèle les usages religieux des païens avec ceux des catholiques, dans ses Disputations chrétiennes, et fait l'Alchimie du Purgatoire, qu'il appelle Purge-Bourse.
Derrière ces trois chefs s'avance l'innombrable armée des petits pamphlétaires et des pamphlets anonymes, dont quelques-uns peuvent être considérés comme de véritables machines de guerre dressées contre Rome ; par exemple, la Banque du Pape, reproduction annotée de la taxe de la chancellerie romaine sur les indulgences, publiée en 1517, sous Léon X, et attribuée au pape Jean XXII ; l'Alcoran des Cordeliers, dirigé contre les Conformités de saint François d'Assise avec Jésus-Christ, et les huit satires de la gourmandise monacale, intitulées la Cuisine papale.
Enfin, le long des ailes de l'immense armée voltigent les chansons, ces satires légères, les plus dangereuses peut-être, car elles pénètrent partout, jusque dans la chaumine du paysan.
Telle est la Chanson de la Messe :
L'on sonne une cloche
Dix ou douze coups ;
Le peuple s'approche,
Se met à genoux :
Le prêtre se vêt :
Hari, hari, l'âne ! Le prêtre se vêt :
Hari bourriquet !
Du pain sur la nappe,
Un calice d'or
Il met, prend sa chappe,
Dit: Confiteor.
Le peuple se tait.
Hari, hari, l'âne ! Le prêtre se vêt :
Hari bouniquet !
A ces attaques incessantes, la citadelle cléricale répondait avec lourdeur ; les injures ou les fadeurs lui tenaient lieu