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LE ROMAN DE MIRAUT

subsistance de côté et d’autres et de faire d’abord, par le village, une petite tournée alimentaire.

Mais c’était pour lui jour de déveine. Beaucoup de portes étaient fermées ; les gamins dont les poches étaient bourrées de gros chanteaux de pain dont ils arrachaient de temps à autre une bouchée, se refusèrent, malgré ses caresses et ses amabilités, à lui donner sa petite part lorsque les deux Brenot eurent conté qu’il leur avait jappé aux chausses, l’heure d’avant.

Il fit néanmoins deux ou trois cuisines, lappa quelques gouttes de lait dans les assiettes des chats, but un peu d’eau de son, se fit violemment expulser d’une écurie où il quêtait un peu trop près du nid des poules ; puis, fatigué de sa tournée infructueuse, revint au logis dans le vague espoir que la femme du braconnier lui aurait peut-être trempé sa soupe.

Las ! Il était bien question de pâtée à cette heure. Toutes portes ouvertes, rouge telle une écrevisse cuite, ses cheveux filasses hérissés sur le front, la Guélotte, une pelle ronde à très long manche aux deux mains, retirait successivement de l’ouverture béante du four les grosses miches de pain qu’elle déposait précautionneusement dans le pétrin vidé, soigneusement raclé et nettoyé pour cet usage.