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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/110

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Une bonne odeur de pain chaud emplissait la pièce, excitant plus fortement encore l’appétit du toutou ; mais la grande queue de la pelle, béton fantastique et rude, en imposait à Miraut qui, pour des raisons bien connues, évoluait à assez longue distance de sa maîtresse. Pourtant, quand elle eut achevé sa besogne, remis la perche en place, brossé les miches et empli le four d’une grosso brassée « d’échines » [1] à faire sécher pour la fournée prochaine, n’y tenant plus, il s’en vint devant sa gamelle et regarda la femme en pleurant, c’est-à-dire en modulant de petites plaintes assez brèves et répétées.

— Ah ! tu as faim, charogne ! c’est bien fait : crève si tu veux. Va demander à ton maître qu’il te donne, fallait aller avec lui.

Comme Miraut ne comprenait que fort imparfaitement ce langage et qu’il continuait dolemment à réclamer, elle se fâcha et le réexpulsa violemment de la pièce et de la maison :

— Allez, du vent, et vivement : nourris-toi toi-même, puisque tu es si intelligent et si malin ; va chasser, puisque lu es fait pour ça !

De tout ce discours, Miraut ne saisit sans doute que l’invitation à quitter sans délai la cui-

  1. Échines, morceaux de rondins refendus de un mètre ou quatre pieds de long.