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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/117

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LE ROMAN DE MIRAUT

la gueule. Il avait filé dans un buisson, il l’avait déjà à moitié déplumée et il était en train de la manger : la preuve, c’est qu’ils ont eu assez de mal de lui faire lâcher. Tiens, regarde la marque de ses dents. Tu diras peut-être encore que ce n’est pas vrai et que je suis une menteuse et que tous ces gens ont eu la berlue !

— Combien vaut-elle ta poule ?

— C’était mu meilleure couveuse : elle faisait un œuf tous les jours…

— Je ne te demande pas un Libera me ni un De Profundis, je te demande combien tu veux de ta poule ?

— Et maintenant qu’ils valent vingt sous la douzaine…

— …Turellement, je vais te payer tous les œufs qu’elle t’aurait faits jusqu’à sa mort et les nitées de petits poussins qu’elle aurait pu couver et les enfants de ceux-là jusqu’à la douzième génération. Une poule, nom de Dieu ! c’est une poule. Combien vaut-elle ?

— Quat’francs, rugit la vieille fille !

— Une crevure comme ça qui ne pèse pas deux livres ! riposta Lisée. Non, mais, est-ce que tu te foutrais de moi, par hasard ? Elle vaut trente-cinq sous, à peine. Je t’en donne trois francs où rien.

— C’est malheureux, larmoya la Phémie en