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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/127

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LE ROMAN DE MIRAUT

n’invectiva personne. Fine mouche, profitant de l’expérience acquise, elle essaya de prendre son mari par la douceur.

Lisée, agité de sentiments contradictoires, ayant à la fois l’envie de corriger et de plaindre, lavait cependant avec de l’eau salée et pansait minutieusement la plaie du petit chien qui se plaignait et aurait bien voulu qu’on le laissât se lécher tout seul.

— Écoute, Lisée, disait la femme, tu vois bien que nous ne pouvons pas garder cette bête : elle va nous faire arriver toutes sortes d’histoires. Voilà déjà pour plus de six francs de poules qu’il nous coûte et maintenant qu’il a commencé, quand veut-il s’arrêter ? Je ne parle pas pour les nôtres, mais pour celles des voisins : tu auras beau les payer plus cher qu’elles ne valent, ils t’en voudront quand même et croiront t’avoir fait un grand cadeau en acceptant ton argent.

Je t’en supplie, débarrasse-t’en ! c’est ce qu’il y a de mieux à faire, crois-moi. Tue-le ! Fiche-lui dans les côtes une bonne cartouche de quatre, puisque tu dis que tu ne peux pas le vendre et que ce serait faire injure à Pépé et au gros.

— Ce ne serait pas plus propre de le tuer et il est jeune, on peut le corriger, atermoyait Lisée, fermement décidé au fond à ne pas s’en