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LE ROMAN DE MIRAUT

Miraut s’était rassis. Les rumeurs s’étaient tues. La conversation un instant tomba. Un silence se fit, puis six heures sonnèrent à la tour du vieux clocher et vinrent ensuite les trois tintements consécutifs et alternés de trois coups chacun annonçant la volée de l’angelus du soir.

Presque aussitôt, en effet, le lourd marteau d’airain battit à pleins coups les pans de sa jupe de bronze et une rafale de sons s’éparpillèrent en roulements pressés.

Toujours assis sur son derrière, Miraut frémit ; ses oreilles se soulevèrent et il secoua la tête à plusieurs reprises ; puis levant le nez au ciel il se mit à hurler à pleine gorge lui aussi, poussant jusqu’à épuisement sa plainte désespérée.

— Tais-toi, mon petit, tais-toi, ce n’est rien, voulut consoler Lisée ; mais à chaque bordée de sons, il se reprenait de plus belle et le hurlement mourant se regonflait en sanglots pour finir en petite plainte triste et désolée comme un pleur d’enfant.

— C’est drôle, constata Lisée : il n’avait pas encore pleuré en entendant les cloches.

— Il ne les avait peut-être jamais remarquées comme ce soir.

Écoute comme l’air est calme, on n’entend que ça, on dirait que ça vous imbibe le crâne