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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/140

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comme de l’eau qui entrerait dans une éponge : c’est une douche sonore qu’on prend et nos oreilles en sont comme ravinées par un torrent. Ça ne m’étonne pas que cela fasse mal à Miraut.

Tous les chiens pleurent en entendant les cloches, mais ce n’est pas par sentiment religieux. Ah ! fichtre non ! ils s’en fichent pas mal des religions, eux, et s’ils pleurent c’est parce qu’ils souffrent.

— Heureusement, continua Lisée, qu’ils ne les entendent pas souvent : la moindre chose, la moindre odeur surtout, quelquefois le moindre spectacle, mais plus rarement (car chez eux l’oreille est meilleure que l’œil), arrivent à les en distraire.

Il a fallu que nous ne disions rien, que l’air fût calme, qu’il ne vint de la cuisine aucun fumet de fricot, que rien dans notre attitude ni dans nos gestes ne l’intriguât pour que ce pauvre Mimi ait écouté et entendu cette sonnerie de malheur qui nous annonce d’ailleurs par surcroît la pluie pour demain peut-être ou pour après-demain au plus tard.

Tant qu’ils sont jeunes une seule sensation les accapare tout entiers : ce n’est que dans la suite, lorsqu’ils sont plus âgés, qu’ils arrivent à partager leur attention et, comme nous, à voir, entendre et renifler tout ensemble.