Aller au contenu

Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/141

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
136
LE ROMAN DE MIRAUT

— Ce ne peut pas être, comme le croit la Phémie, parce qu’ils pensent aux morts qu’ils se lamentent au son des cloches, puisqu’ils poussent les mômes tristes hurlements ou h peu près en apercevant la pleine lune se lever derrière les arbres du mont de la Côte. Mais peut-on savoir au juste la cause de ces cris !

— C’est bien difficile, vraiment, car nous ne pouvons entrer dans leur peau et peut-être qu’ils ne le savent pas eux-mêmes de façon précise ; toutefois, ce n’est dans aucun cas un cri de joie.

— Je crois, reprit Philomen, que le son des cloches doit leur faire mal aux oreilles ou au nez et que c’est la marche de la lune dans les rameaux et son ascension dans les branches qui doit les épouvanter, car, dans le premier cas, ils restent immobiles sur place et dans le second ils courent en hurlant, agités et inquiets. D’ailleurs, quand la lune est haut dans le ciel et qu’ils n’ont plus de point de repère pour contrôler sa marche, ils n’y font plus attention.

— J’ai remarqué aussi, dit Lisée, que ce sont surtout les chiens de garde qui aboient à la lune, tandis que ce sont les nôtres, les chiens de chasse, qui hurlent à la voix des cloches.

— Ça ne m’étonne pas non plus, expliqua Philomen. Les chiens de garde qui ne bougent