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LE ROMAN DE MIRAUT

— J’ai pourtant connu un type de Velrans qui le faisait ; il prétendait être au moins aussi malin que son chien et où l’autre trouvait du fret il se foulait à quatre pattes lui aussi, fouinant, humant et reniflant, pour apprendre, disait-il. Mais on ne lui en a pas laissé le temps, car on a reconnu qu’il était louf et on a été obligé de l’emmener à l’asile de Dole où il est « clapsé ». On a même raconté, dans le temps, que ce serait un gardien de l’établissement qui lui aurait fait son affaire un jour qu’il avait soif. Ce gardien-là était alcoolique, il se saoulait, il buvait tout ce qu’il gagnait et comme il touchait trente sous par macchabée qu’il enterrait, il en zigouillait un de temps à autre pour avoir de quoi licher.

En été, naturellement, il claquait un mec par jour, au moins : les bons docteurs disaient que c’était l’effet du chaud. On ne s’est aperçu de ce petit manège qu’au bout d’un assez long temps ; alors, pour étouffer l’affaire, le bonhomme, de gardien est passé pensionnaire, et voilà tout.

— Mais as-tu déjà purgé Miraut ? interrompit Philomen.

— Non, avoua Lisée, il se purge tout seul : il ne passe pas un jour sans manger du chiendent.

— C’est très bon, en effet, mais ce n’est pas suffisant : à ta place, je craindrais pour lui la