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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/144

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maladie et il sera d’autant mieux tenu qu’il est plus âgé et de bonne race.

— Je sais bien, mais qu’y faire ?

— Il n’y a, tu l’as dit, pas grand’chose à tenter et souvent les meilleures précautions ne servent de rien ; tout de même, à ta place, je lui ferais, de temps en temps, prendre un peu de fleur de soufre dans du lait ou du café noir. Ils arrivent très bien à avaler le tout.

— Le meilleur remède est encore qu’ils soient forts et robustes, mais cela non plus n’empêche rien bien souvent.

— La soupe est trempée, vint annoncer la Guéltte.

— La manges-tu avec nous ? invita Lisée.

— Merci bien, mon vieux, mais la bourgeoise m’attend, ce sera pour une autre fois. Bonne nuit et à la revoyure.

— « À revoir », mon vieux, répondit Lisée secouant sa pipe et rentrant dans la cuisine précédé de son chien.

Il arriva ce que Philomen avait prédit et que Lisée craignait. Malgré les purges de café noir et de fleur de soufre, un beau matin, à l’appel de son maître, au lieu de bondir en écartant sa paille des quatre pieds, Miraut se leva lentement et avec hésitation. Ses bons yeux, si clairs et si vifs, étaient tristes et rouges, et du nez suintait