Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/159

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étonné, furieux et narquois, ne fit que confirmer en lui l’opinion qu’il avait que le gibier qui court et à poil est préférable, quant à l’odeur et au goût probablement, à celui qui vole, d’autant qu’on peut toujours, quelque temps tout au moins, suivre le premier avec espoir de l’attraper.

Lisée, après chaque expérience, le félicitait, l’encourageait, le caressait, le récompensait par un petit bout de sucre ou une couenne de gruyère soigneusement tenue en réserve pour l’occasion. De fait, il était content de son chien et persuadé, ainsi que le lui avaient prédit ses amis, Pépé, le gros et Philomen, que ce serait un jour un maître lanceur.

Bon chien chasse de race, dit le proverbe. Il n’avait point été besoin pour celui-là, en effet, de le mener avec d’autres chiens pour qu’il apprit son métier. Seul, de lui-même, par la simple vertu de son flair et la toute-puissance de son instinct, il arrivait à distinguer ce qu’il devait courir. Qu’il lui arrivât seulement un jour de fourrer le nez au derrière d’un capucin et ça y serait définitivement, il serait sacré chien et grand chien ; plus tard, quand il aurait appris avec son maître et avec Bellone toutes les ficelles du métier de chien courant, on verrait s’il s’en trouverait un pour lui damer le pion ou lui faire le poil dans le canton.