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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/16

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à cache-cache avec l’insaisissable présent, tandis qu’au-dessus du nombril de verre de la caisse pansue, le profil impassible de Gambetta se découpait dans une couronne de larges lettres : « Le cléricalisme, voilà l’ennemi ! » Ainsi en avait voulu Lisée qui, bon républicain, avait mis ce portrait là, bien en évidence, pour faire enrager le curé lorsque d’aventure ce vieux brave homme, avec qui il était d’ailleurs au mieux, venait l’engager à ne pas négliger son salut, à accomplir ses devoirs de chrétien et à faire ses pâques comme tout le monde.

Les aiguilles tournaient ! Neuf heures et demie ! Tous les foiriers étaient rentrés !

Pas de Lisée !

La Guélotte ouvrit la porte de dehors, mit la main en cornet derrière son oreille, écouta et regarda. Mais, dans la nuit calme, aucun pas ne s’entendait et le blanc lacet de la route se déroulait désert entre les grands jalons des peupliers bruissants.

Elle rentra, referma l’huis avec violence et, de colère, poussa même, dans l’évidement de mur qui servait de gâche, le lourd verrou d’acier.

— Si tu t’amènes maintenant, tu poseras un peu, grande charogne, ragea-t-elle ! Ça t’apprendra à arriver à l’heure !