Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/172

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

C’est pourquoi, traversant le village et l’enclos, elle vint directement le trouver devant son seuil où il s’amusait à s’aiguiser les crocs sur un vieil os de jambon plus dur qu’un morceau de fer.

Lisée était là. Après lui avoir souri en troussant les babines, s’être tortillée du cul comme il convenait pour le saluer respectueusement et lui avoir léché les mains de bonne amitié, elle répondit avec bienveillance aux caresses et aux mordillements de Miraut.

À deux ou trois reprises la chienne lui pinça les oreilles ainsi quelle faisait autrefois pour prier le vieux Taïaut de l’accompagner en guerre. En même temps elle jappota, modulant de la gorge quelques sons qu’il comprit parfaitement et : que Lisée, depuis longtemps au courant de ses habitudes et de ses manières, ne manqua pas non plus de saisir.

Il en sourit dans sa barbe de bouc qu’il empoigna à pleine main pour la peigner d’un geste familier. Sachant bien que son ami ne léchait sa chienne qu’à bon escient, il accéda au désir de son chien qui, hésitant, tournait la tête de son côté, tout en conservant le corps dans la direction de Bellone qui l’attendait un peu plus loin.

— Vas-y ! va ! proféra-t-il simplement, et, d’un hochement de tête, il lui désigna la forêt.