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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/181

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vers les huit heures et demie, un peu plus tôt ou un peu plus tard, selon les hasards de la chasse, à la tranchée sommière du Fays pour « faire » ensemble ce bois important et se poster aux bons passages.

Le soir, il prépara à Miraut une bonne soupe, épaisse et substantielle, car le lendemain avant le départ, il ne voulait lui donner que quelques croûtes insignifiantes, un chien courant, étant réputé, ajuste raison d’ailleurs, chasser avec plus d’entrain et d’intérêt quand il n’a pas le ventre plein. Ce fait, il se coucha et s’endormit paisiblement, certain comme un vieux soldat de se réveiller à l’heure qu’il s’était fixée.

Et en effet, à trois heures et demie, le lendemain matin, il était debout. Il s’habilla, chaussa ses brodequins soigneusement graissés, mit ses houzeaux, endossa sa vieille veste à grandes poches, boucla sa cartouchière sur ses reins, mit tremper un bout de sucre dans une goutte de marc pour avaler au moment du départ et, tandis que chauffait son « jus » sur la lampe à alcool, il alla ouvrir à Miraut.

Les deux amis se firent fêle en se retrouvant : petits mots d’amitié et abois tendres, caresses de la main et coups de pattes cordiaux ; Miraut même essuya d’un large revers de langue la joue droite et le nez de son maître.