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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/194

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Si quelques paysans, lorsqu’ils ont à écrire, s’embrouillent et se perdent dans de longues phrases : Je vous écris pour vous dira que j’aurais voulu vous dire… Lisée n’était pas de ceux-là. N’ayant pas d’instruction, il se vantail d’écrire comme il parlait. Aussi, comme il n’était pas bavard, ses lettres étaient-elles toujours d’une brièveté et d’une concision admirables.

Pépé, lui, fut prévenu, par un voisin allant au chef-lieu, qu’on l’attendait sans faute chez Lisée à quatre heures du matin pour une partie soignée, et il n’eut garde de manquer au rendez-vous.

Trois heures et demie venaient à peine de sonner qu’il arrivait à Longeverne avec Bavageot son chien, un grand saint-Hubert à la robe d’un beau brun aux reliais d’or et de feu, à l’œil calme, aux pattes nerveuses, très fin animal et bon lanceur, mais qu’il ne fallait point contrarier ni même gronder, car il était extrêmement susceptible.

La connaissance avec Miraut fut bientôt faite. Entre chiens, l’entente est toujours facile, surtout un matin de chasse. Mais, du fait d’être réunis, la voracité naturelle de chacun d’eux se trouva doublée au moins et il y eut par toute la cuisine une bousculade de casseroles et un désordre qu’augmenta encore l’arrivée de Bellone et de son maître.