Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/195

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Pendant que les trois camarades se serraient la pince et se congratulaient, les trois chiens, eux, continuaient leurs recherches alimentaires : pas une miette ne fut dédaignée, pas une goutte d’eau de vaisselle ne fut oubliée et voilà-t-il pas que Ravageot, humant et reniflant, avisa la peau du lièvre dépouillé la veille au soir par Lisée et dont Miraut s’était adjugé la ventraille.

Elle pendait à un clou fiché dans une solive du plafond. Ravageot, qui ne doutait de rien, sauta comme un cabri, l’accrocha, la fit tomber et, pour que les autres n’en profitassent point, se l’envoya séance tenante et tout entière : oreilles, poil et tout. Cela ne dura pas quinze secondes.

Philomen l’aperçut qui en achevait la pénible déglutition, allongeant le cou et bourrant des yeux qui louchaient férocement.

— Ben, bon Dieu ! Mais c’est la peau du lièvre qu’il vient de s’enfiler comme ça et sans boire encore ! Il en a une sacrée veine de ne pas s’étouffer ni s’étrangler.

— Bah ! répondit Pépé, ils en bouffent bien de l’autre quand nous ne les voyons pas. Aussi ça me fait rigoler quand j’entends les médecins et le maître d’école parler de microbes et d’autres bestioles qui foutent, à ce qu’il paraît, des maladies aux gens. Qu’ils y viennent voir ce que