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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/200

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sucre de son absinthe pour l’offrir à son chien, afin qu’il prit, lui aussi, à sa façon, un apéritif.

Les lièvres avaient été étalés sur la grande table de l’auberge où les clients, curieux, venaient les soupeser, juger de leur taille, de leur embonpoint, de leur valeur, du coup de feu qui les avait allongés.

Les chiens, eux, qui s’étaient couchés sous la table, ne voyaient pas sans un certain dépit ces intrus approcher de leur gibier et palper un butin qui n’appartenait qu’à eux. Ils grognaient sourdement, mais comme les maîtres n’avaient pas l’air inquiet et ne faisaient point opposition, ils ne crurent pas opportun de pousser plus avant leur manifestation en intervenant de la griffe ou de la dent.

Un des Ronfou qui, par blague, venait de faire le geste de cacher un lièvre sous sa blouse ne fut pas loin pourtant d’écoper sérieusement. Ravageot, peu patient, sauta sur ses quatre pattes, se campa ferme devant lui, la tête haute et gueule ouverte et les autres, prompts à venir à la rescousse, se préparèrent, non moins énergiquement à lui prêter mâchoire forte.

— Si tu te fais pincer, tant pis pour loi, prévint Philomen, dégageant ainsi leur responsabilité.

— Bougre, c’est qu’ils n’ont pas l’air commode !