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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/206

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soit là tout de suite pour l’aider, le cas échéant, à poursuivre et prendre ou achever ou retrouver la pièce tuée ou blessée par son plomb. Il sut distinguer, dans la voix de la corne, le coup long qui hèle le confrère éloigné du roulement qui le rappelait lui ou Bellone ou Ravageot ; il apprit et très vite, en chassant avec la chienne sa compagne, à reconnaître les coups de gueule qui indiquent que le fret est bon ou médiocre ou mauvais. Il sut aller à la voix comme un vieux soldat marche au canon et cette habitude, avec les camarades, devint bientôt réciproque.

Bref, il devint un bon chien et il fallait que les matins fussent bien mauvais, que le fret fût insignifiant, que le canton fût bien pauvre en gibier pour qu’il n’arrivât pas à débrouiller coûte que coûte une piste et à lancer un capucin.

Sa tactique varia selon que les maîtres étaient avec eux ou qu’il se trouvât être seul avec Bellone, car il lui arriva souventes fois, quand les patrons n’avaient pas le temps, de partir soit tout seul, soit de compagnie avec la chienne.

Les bons cantons, les bons endroits lui devinrent familiers ; au bout de quelques chasses, il connut même personnellement, si l’on peut dire, certains oreillards qu’il devait certainement distinguer des autres à leur fret particulier, à un détail odorant insensible à tout autre qu’à lui,