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Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/207

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de même que Lisée, son maître, reconnaissait le citoyen en question au gîte choisi ou au domaine bien délimité qu’il occupait depuis longtemps.

Un bon chien doit toujours ramener son lièvre au canton du lancer ; Miraut, bon gré, malgré, après des circuits plus ou moins longs, ne perdit jamais la piste et, sauf des cas exceptionnellement rares, il ramena presque toujours dans la direction que devait occuper Lisée le capucin qu’il courait.

Maints lièvres pourtant lui donnèrent du fil à retordre, car au bout de peu de semaines, les adultes, les lièvres d’un an, forts de l’expérience d’une chasse, n’ignorèrent plus qu’ils avaient affaire à forte partie.

Dès qu’ils entendaient à proximité de leur gîte le timbre du grelot ou les éclats de voix de Miraut, ils n’attendaient point qu’il vint les dénicher, trop certains qu’il y parviendrait tôt ou tard malgré les savantes précautions de la remise. Et, en grand mystère, fort silencieusement, ils se dérobaient, oreilles rabattues, pattes allongées, filant droit devant eux, pour gagner le plus possible de terrain et aller très loin, très loin, préférant les aléas d’une poursuite et d’une course en pays inconnu, au hasard d’un retour dangereux souvent marqué, pour les camarades, par