Page:Pergaud-Le Roman de Miraut, 1913.djvu/225

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tous les chiens du village se mirent à répondre par des jappements précipités de fureur ou de peur et les gamins, attirés eux aussi par ce vacarme insolite, s’approchèrent, à distance respectueuse toutefois, de ce désespoir de bête.

— C’est un chien perdu qui pleure son maître, disait l’un d’eux.

— La pauvre bête !

— Si on lui donnait du pain, proposait un autre.

— Il se sauverait, objectait un troisième.

Dans le village, tout le monde avait entendu la plainte, mais si la plupart des gens n’y avaient point prêté grande attention, car un paysan ne s’émeut pas pour si peu, il se trouva toutefois, parmi la population, un vieux braco, le père Narcisse, qui dressa l’oreille à cet appel et pensa différemment de ses concitoyens.

— Tiens, un chien de chasse ! s’écria-t-il.

Et immédiatement il sortit pour voir si d’aventure il le connaissait, pour lui donner à manger et, s’il avait un collier, chercher à qui il appartenait afin de le rapatrier au plus vite.

Lentement, l’œil allumé, il s’approcha de l’endroit où Miraut, plus désespéré que jamais, hurlait toujours, à cent pas des gosses.

— Restez, petits, recommanda-t-il aux enfants qui voulaient le suivre, restez, vous lui feriez peur.